• Véronique Jannot : « Ma mère est médium »

    Véronique Jannot : « Ma mère est médium »

    Véronique Jannot : « Ma mère est médium »

     

    Comédienne pour le cinéma, le théâtre et la télévision, Véronique Jannot
    « marche au cœur ». De son adolescence, marquée par la médiumnité de sa mère, à sa découverte du bouddhisme, son parcours est jalonné d’expériences extraordinaires...

     

    D’où vous vient l’intérêt que vous manifestez pour les phénomènes inexpliqués ?
    Ma mère est médium. Adolescente déjà, je suis tombée dans la marmite ! Puis quand je suis tombée malade à l’âge de 20 ans, je me suis rapprochée évidemment des médecines parallèles, et je me suis soignée grâce à elles. Tout cela a développé mon goût pour ce qui est en marge, non reconnu, voire poursuivi et condamné. J’ai vu tellement de choses avec ma mère, qui a aidé beaucoup de gens grâce à son don. C’était en quelque sorte un médecin de l’âme.

    En quoi consistait ce don ?
    Elle était médium et psychographologue. Elle avait des flashs extraordinaires, d’une limpidité incroyable. Elle pouvait mettre le doigt immédiatement sur le nœud d’un problème. Les gens étaient-ils prêts ensuite à travailler en profondeur pour défaire ce nœud ? C’est un autre débat. Elle voyait aussi les défunts. Voilà pourquoi il en faut beaucoup pour m’impressionner. Je pars du principe que tout peut exister, surtout ce qu’on ne voit pas. Ce n’est pas parce que nous sommes limités par nos sens qu’il n’y a pas autre chose.

    Y a-t-il un moment qui vous a marquée, en lien avec le don de votre mère ?
    Nous avons découvert toutes les deux ensemble qu’elle était médium. Nous avions toutes les deux un doigt sur un verre posé au centre d’une table, et nous voulions « faire parler » les lettres qui étaient autour. Mais le verre se déplaçait violemment en dispersant les lettres. J’ai pensé que peut-être, c’était parce que j’étais une adolescente, ce qui dit-on, peut gêner la connexion, et je suis sortie. Au bout d’une demi-heure, je suis revenue. Ma mère m’a dit : « Je ne comprends toujours pas. » C’est alors que j’ai eu l’impression que le verre traçait des lettres sur la table. J’ai dit à ma mère : « On dirait qu’il écrit. » Elle a laissé tomber le verre pour prendre un stylo. C’est comme ça qu’elle s’est rendu compte de son don et qu’elle a trouvé ce qui allait être sa façon de communiquer : l’écriture automatique. Au fur et à mesure des jours et des mois, j’ai vu cette écriture devenir de plus en plus facile et rapide.

    Qu’en a pensé votre père ?
    Il s’est toujours voulu complètement rationnel. Mais je pense qu’il avait également cette sensibilité.

    Cette expérience avec votre mère ne vous a-t-elle pas surprise ?
    Cela a été plutôt comme une révélation. Par la suite, au moment de son divorce, ma mère est allée voir un mage. Elle avait l’impression d’être envoûtée, mais le mage l’a rassurée : elle ressentait juste le chagrin lié à la fin de 27 ans de vie commune. Elle lui a montré une photo de moi, et il a dit : « Vous avez le don, mais elle a le pouvoir. » Elle n’a jamais approfondi la question. Considérant le métier que j’étais amenée à faire, la manière dont j’ai pu parler à travers mes films, mes livres… C’est peut-être ça le pouvoir en question : le pouvoir de communiquer.

    C’est peut-être une réponse à cette question que vous recherchez lorsque vous partez en Inde en 2009 pour réaliser Dakinis, le féminin de la sagesse ? (Les Dakinis sont des divinités tibétaines féminines douées de grands pouvoirs. – NDLR)
    Quelquefois, je fais les choses sans chercher pourquoi, sans comprendre vraiment ce que je recherche. Je sais juste qu’il faut y aller. Pour ce documentaire, c’était le cas. Je partais protégée par mon inconscience (rires) ! Et aussi peut-être, vu la force du sujet, par le principe et la puissance dakini, qui ont trait à la sagesse, à la créativité, et aussi aux circonstances favorables. Les Dakinis sont parfois des êtres humains, des inspiratrices. Ce sont aussi des présences subtiles, qu’on peut trouver dans la nature, dans un fleuve, dans un torrent…

    Vous dites aussi que c’est l’intuition. Est-ce une qualité que vous utilisez beaucoup dans la vie ?
    Je marche beaucoup au cœur, mais je ne me concentre pas. Je prie toujours pour que des choses qui soient justes – pour mon évolution personnelle, mon harmonie profonde – arrivent. Jusqu’à présent, j’ai fait les bonnes rencontres aux bons moments. Les rencontres sont capitales dans une vie. C’est elles qui vous font aller où vous devez aller. Pour rencontrer, il faut rester ouvert. Si on se ferme sur une crainte, une souffrance, une déception, on a perdu. Quoi qu’il arrive, ouvrir, ouvrir, ouvrir. C’est une règle d’or pour moi. Même si on souffre. Ce n’est jamais agréable bien sûr d’être dans une souffrance physique. Mais il faut garder à l’esprit que nous ne sommes pas cette souffrance. Lorsqu’on accepte d’en baver, on en bave déjà moins.

    Est-ce grâce à des gens comme le maître tibétain Sogyal Rinpoché, que vous en êtes venue à cette attitude ?
    Grâce à lui, et aussi à des gens comme Arnaud Desjardins ou Khalil Gibran et son livre Le Prophète, qui ont été pour moi des clés extraordinaires. Les soucis de santé que j’ai eus à 22 ans m’ont fait faire des pas de géant. J’aurais pu en mourir. Depuis, je n’ai que du bonus. Je vis deux fois plus fort, j’apprécie chaque petite chose, un clair de lune, un échange avec mon chien, une rencontre… Tout moment est revêtu de magie, car il surgit d’où aurait pu ne rien surgir.

    Pouvez-vous revenir sur ces problèmes de santé ?
    J’ai eu un cancer dit « borderline », j’ai été envahie de cellules frontières lorsque j’avais 20 ans. Si une cellule virait au noir, j’avais une espérance de vie de six mois. Quand on m’a dit, à 22 ans, que je devais être opérée et que je ne serais jamais maman, ça a été d’une violence absolue. Parce que toute ma vie, mes rêves, étaient basés sur le fait de fonder une famille et d’avoir des enfants. Ma vie a basculé.

    Vous parliez des médecines parallèles qui vous ont soutenue lorsque vous étiez malade. À quel type d’approche avez-vous eu recours ?
    J’ai eu la chance d’être opérée à l’hôpital de Thonon où il y avait, en test, un service d’acupuncture, qui aidait les gens à récupérer énergétiquement. Ensuite, j’ai continué avec l’auriculothérapie, avec le Dr Nogier (qui l’a développée en France – NDLR). Puis à cause d’un choc émotionnel, j’ai rechuté. Quand on a voulu me remettre sous chimio lourde – j’en avais déjà eu une quelques années plus tôt – j’ai décidé d’essayer autre chose. C’était risqué, c’est vrai, mais je me suis dit : « Si c’est le moment, c’est le moment. » C’est là que j’ai rencontré le Dr Jean Le Foll, décédé depuis, qui travaillait en acupuncture et utilisait des acides aminés en intraveineuses. Je partais le voir à Nantes une fois par semaine. Et je me faisais moi-même les intraveineuses chaque jour. Au bout de trois mois, je suis allée chez le médecin pour un examen. Il m’a dit : « Je ne sais pas ce que vous faites et je ne veux pas le savoir, mais continuez. » Je n’ai pas fait de chimio ni été réopérée et je n’ai jamais rechuté. C’était il y a vingt-cinq ans.

    Est-ce que vous continuez à avoir recours aux médecines parallèles ?
    Dès que j’ai un truc qui ne va pas, je vais chez le magnétiseur pour qu’il me regonfle et me donne la force de lutter, car je trouve que prendre systématiquement des antibiotiques, ce n’est pas bon. C’est d’ailleurs ce qu’on entend depuis quelques années.

    Que pensez-vous de l’évolution actuelle dans ce domaine ?
    Ça change un peu, mais globalement, les œillères ne tombent pas et les médecins traditionnels se maintiennent dans leurs certitudes. Je ne dis pas qu’il faut laisser tomber la chimio et aller vers une autre médecine si vous avez un cancer, certainement pas, car ce qui a été ma solution n’est pas forcément la solution pour tous. Comment peut-on prétendre soigner tout le monde avec les mêmes protocoles, quand il y a tant d'empreintes digitales, d'histoires personnelles, que vous avez en vous tant de résonances… Selon moi, il faut aller chercher loin chez un être humain pour bien le soigner – dans ses empreintes de vie, de cœur, d’âme – et non comme la médecine le fait aujourd’hui, avec ses spécialistes. Mais rien n’est fait pour encourager la médecine préventive. On nous prend pour des bœufs. Ça me révolte. J’ai vu tellement de gens qui m’étaient chers partir à cause de soins qui n’étaient pas adaptés.

    Est-ce qu’aller vers des approches alternatives est une manière pour vous d’exercer votre liberté ?
    J’ai plutôt une image d’enfant sage, mais en fait je suis profondément rebelle. Je n’ai suivi aucun chemin balisé. Et j’ai l’impression d’avoir pris le maquis (rires). Je suis une résistante d’aujourd’hui. Je n’aime pas la société telle qu’elle est, je n’aime pas ce qu’on fait à l’homme, ni ce qu’on fait de l’homme. J’essaie d’échapper au piège de la consommation à outrance, d’aller vers des médecines préventives, comme l’homéopathie, l’acupuncture. Cela va avec ma philosophie puisque je sais que chaque acte, chaque pensée a une résonance, un effet. Ces approches me fascinent. Il y a des charlatans, c’est certain. Mais alors que j’étais en train de développer mon cancer, un gynéco m’a dit que mon problème était nerveux. Ce n’était pas un charlatan, celui là ? Ces médecines m’ont aussi aidée à dépasser la souffrance psychologique.

    Où en êtes-vous aujourd’hui avec cette souffrance ?
    Avant, pour moi, une femme devait enfanter. Mais j’ai découvert qu’une femme, c’est tellement plus que cela. Et j’ai enfanté d’autres choses. J’ai une association qui aide 550 enfants à grandir dans des conditions plus agréables, j’ai pu faire des films et traiter de sujets qui me semblaient importants. J’ai une vraie disponibilité de cœur et d’esprit pour m’ouvrir aux autres. Je ne regrette rien. Et j’ai une petite fille dans mon cœur dont je suis la maman symbolique, et que j’espère adopter officiellement. Tout cela me paraît juste, finalement.

    Nous consacrons dans ce numéro un dossier à la méditation. Est-ce que vous la pratiquez vous-même ?
    Je suis une très mauvaise élève. Mais j’essaie de pratiquer dans la vie, car je pense vivre en conscience. Je suis consciente de mes mots, de mes actes. Je fais de mon mieux. Méditer, cela peut se faire de plein de façons. L’important, c’est d’être centré, de revenir « chez soi », où finalement on n’est pas si souvent que ça. Quand on est dans un lieu calme, devant un paysage ou un coucher de soleil, c’est plus facile, car tout est calme et beau. Dans le brouhaha des villes, otages des nouvelles technologies et des écrans, ce n’est pas la même chose. Quand il a neigé l’autre jour, tout à coup, le béton n’existait plus. Comme je me sentais bien ! Quand je vais à Auroville, dans le sud de l’Inde, je prends ma petite moto et je vais sur les chemins de terre. Pas de casque, pas de blouson. La liberté, ça commence là.

    Comment définissez-vous la conscience ?
    C’est l’attention à ce qui résonne juste en nous. Quand vous faites quelque chose qui est en contradiction avec votre être profond, qui heurte votre besoin d’évolution, vous le sentez. C’est l’instinct. Le piège, c’est le mental. Certains se construisent avec un mental d’acier… qui les emmène très loin de leur être profond. Quand une situation, une rencontre sont bonnes, pour peu qu’on soit attentif, il y a comme un vent de gaieté, un courant doux qui passe. Ca vous est forcément arrivé. Si c’est juste, tout en vous le dit. Bien sûr, on a des supérieurs, des contraintes, qui nous obligent à faire des choses. L’important, c’est de ne pas être dupe, de ne mettre qu’un pied dans le jeu de l’oie. Ma plus grande peur, ce serait de ne pas m’entendre, de laisser mon mental m’envahir et m’emmener loin de ce qui doit être mon chemin. Pour moi, c’est ça, rater sa vie.

    Au fil des années, avez-vous l’impression que vos perceptions augmentent ?
    Je le pense. Je ressens souvent les choses ou les gens d’une façon très forte.

    Parlant de la mort de votre compagnon Didier Pironi, vous avez écrit : « Tant de signes ont suivi que je ne peux pas douter, la mort n’est pas la fin de tout. » À quoi faisiez-vous référence ?
    J’étais avec un ami quand mon père m’a appris la mort de Didier d’une façon très violente. Il m’a dit au téléphone : « Tu as vu l’accident ? Pironi s’est tué avec Giroud en bateau. » Pendant deux secondes, je n’ai pas connecté, comme si mon cerveau refusait la souffrance. Quand j’ai fini par entendre l’info, mes jambes ne m’ont plus portée. Je suis allée m’asseoir. L’ami qui était avec moi m’a regardée et m’a fait : « Allez, Bouffie ! », en me pinçant la joue. Ce mot, « Bouffie », je ne l’avais jamais entendu dans sa bouche. C’est Didier qui me surnommait comme ça par jeu en me pinçant la joue ! J’ai trouvé ça fou. Par la suite, je pleurais énormément, je n’arrivais pas à accepter sa disparition. Maman un jour m’a vue dans cet état. Elle m’a regardée, et semblant s’adresser à quelqu’un au-dessus de mon épaule gauche, elle a dit : « Laisse-là, sinon elle ne s’en sortira pas. » Et depuis ce moment, je me suis calmée. On croit ou on ne croit pas. Personnellement, je pense que c’est nous qui ne savons pas communiquer avec nos disparus, car nous sommes coincés dans notre dimension. Moi, je leur parle, mais je pleure quand même leur absence. J’ai envie de toucher, de serrer, d’embrasser. Ce manque physique me submerge par moments. Parfois, je dis à mon père : « Ce serait bien si tu venais me voir un peu plus dans mes rêves. » Et parfois, il vient. Ce qui se passe alors est tellement fort et tellement vrai que je me demande si une projection de moi ne serait pas dans cette autre dimension. Et d’ailleurs, pourquoi pas ? Tout est possible.

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