• Communicabilité des esprits et doctrine spirite écrit par Deolindo Amorim

    Deolindo Amorim

     

    Communicabilité des esprits et doctrine spirite

    La principale activité spirite n'est pas vraiment l'échange avec les morts, comme on le croit faussement mais, l'éclaircissement doctrinal visant à la réforme morale de l'être humain au travers de la connaissance d'une philosophie de la vie qui a pour base trois points centraux : immortalité ou survie de l'esprit après la mort ; réincarnation ou thèse des vies successives ; existence de Dieu en tant que cause primaire.

    Pour enseigner et diffuser de tels principes, et les appliquer aux actes de la vie, les sociétés spirites n'ont nul besoin de prêtres, ni d'autels, et encore moins de formules magiques. Le spiritisme, il faut le savoir, affirme la prédominance des valeurs spirituelles sans toutefois perdre de vue la nécessaire participation de l'homme à la vie sociale. C'est la raison pour laquelle le mouvement spirite cherche à améliorer le niveau intellectuel du peuple, en lui offrant des éléments à même de permettre une influence rénovatrice sur les façons d'agir. Intellectualiser ne suffit donc pas. Il est nécessaire, voire indispensable, que la réforme de l'homme se fasse sentir au niveau du sentiment. C'est l'une des préoccupations fondamentales du spiritisme.

     

    Le spiritisme étant une doctrine qui n'admet aucune catéchèse, ni aucun processus de prosélytisme, il est évident qu'il n'y a pas lieu d’employer la moindre technique de persuasion afin d'attirer ou de rassembler des foules.

     

    Il n'y a ni rituel, ni autorité sacerdotale. Par conséquent, on peut donc voir qu'il n'est pas permis d'associer la pratique spirite légitime aux manifestations religieuses par lesquelles les évocations d'esprits sont réalisées aux moyens d'objets sacrés, de vêtements spéciaux, de phrases chantées, d'encens et autres éléments des rituels.

     

    Le spiritisme est ainsi un domaine de culture scientifique et philosophique, dès lors que ses thèses fondamentales suscitent des questions inhérentes à diverses branches de la connaissance humaine. Comme cela est public et notoire, il existe une littérature spirite d'ampleur internationale. On ne saurait former un jugement à propos du spiritisme sans, au moins, la lecture de ses sources les plus générales.

     

    Celui qui se trouve impressionné par la forme de certaines manifestations médiumniques, provoquées sans porter la moindre attention aux indications de la doctrine, sera évidemment amené à se forger des notions incomplètes, liées à la mauvaise habitude des interprétations unilatérales, très souvent fausses.

     

    De nombreuses personnes critiquent le spiritisme sans connaître le contenu moral et intellectuel de la doctrine. Certains recherchent dans le spiritisme des miracles et des divinations, justement parce qu'ils méconnaissent la doctrine. Voici ce qu'en dit la codification spirite : « nul ne demande de miracles ni de prodiges au spiritisme, parce qu'il prouvera formellement qu'il n'en produit pas ». Ainsi, de même que la physique, la chimie et la géologie ont révélé les lois du monde matériel, le spiritisme vient révéler d'autres lois inconnues, celles qui régissent les relations du monde corporel avec le monde spirituel ; comme pour ses soeurs plus âgées, il s'agit aussi de lois naturelles. En fournissant une explication à un certain ordre de phénomènes jusqu'ici incompris, il a détruit ce qui restait du domaine du merveilleux. C'est là textuellement l'expression de la véritable nature du spiritisme. Bien différente, pour ne pas dire erronée, est donc l'idée selon certains cercles d’intellectuels qui ne pensent qu'en terme de communication avec les morts, comme si le spiritisme n'englobait pas une série de questions inhérentes aux divers angles de la connaissance.

     

    La phénoménologie extraterrestre ou surnaturelle, comme la nomme certains auteurs, est bien plus complexe qu'il n'y paraît à première vue. Avec une expérience historique de plus d'un siècle, il est désormais temps d'élargir la vision critique en ce domaine pour éviter les affirmations ex cathedra, issues de certaines interviews que la presse diffuse, voire que la presse elle-même affirme, bien que ne connaissant rien au sujet. C'est ce qui se produit bien souvent. Pourtant, la communication avec l'au-delà est l'un des aspects du spiritisme, mais n'est pas le spiritisme lui-même. C'est justement pour cela qu'il ne se limite pas au cadre d'une technique. En effet, quels auraient pu en être les critères puisqu'il s'agit d'une doctrine dont les implications dépassent le domaine du phénomène ? Il y a des expériences médiumniques où l'on peut user de telle ou telle technique la plus adéquate, comme en matière de psychographie, d'effets physiques, par exemple, de la même manière que l'on peut utiliser une méthode inductive, déductive, voire même une méthode historique pour appréhender les questions spirites, selon les problèmes spécifiques qui peuvent être en cause, le cas échéant. Mais le spiritisme n'est pas une technique d'échange entre vivants et morts. C'est une doctrine qui pénètre les plus hauts niveaux de la connaissance parce qu'elle se préoccupe des causes, de la justice divine, de la suprématie des valeurs spirituelles, de la destinée de l'être humain.

     

    Comment pourrait-on connaître et mesurer le contenu doctrinal du spiritisme sans procéder à la lecture de ses sources de base ? comment apprécier les conséquences morales de sa doctrine sans en connaître ses prémices fondamentales ? Il nous faut d'abord répondre que le spiritisme n'a pas créé une morale nouvelle mais, a adopté la morale chrétienne pour être compatible avec le caractère de sa doctrine, qui est une doctrine d'action et de responsabilité. Au lieu d'annoncer ou d'instituer sa propre morale, le spiritisme montre à l'homme le bon chemin pour toutes les situations de la vie, à savoir les enseignements prêchés et exemplifiés par celui qui fut « le plus complet modèle de morale » : Jésus. Rien de plus que cela. Et c'est tout ce que l'on peut indiquer pour norme de base de la vie. Cela signifie que le spiritisme ne s'est pas approprié la morale évangélique mais, lui a au contraire apporté de nouveaux éléments de conviction, de nouveaux moyens d'interprétations. Il n'y a pas eu et il ne pourrait pas y avoir d'appropriation dans la mesure où, les enseignements du Christ n'ont été légués à aucune église, aucune confrérie, aucun peuple, puisque le tendre nazaréen a prêché indistinctement pour s'adresser à ceux qui avaient «des oreilles pour entendre» et «des yeux pour voir». Aucun titre de propriété n'est bien évidemment attribué à quiconque. En effet, qui serait alors que le dépositaire des sentences du Christ ? Telle religion formelle, telle église dissidente, tel thaumaturge illuminé ?... Aucune preuve historique ne le confirme.

     

    Deolindo AMORIM

     

    Source : Revista Presença Espirita, mars 2010
    Traduction : Jean Emmanuel NUNES

     

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